Plus d'embrassade, plus d'accolade :(
Vous le sentez aussi n’est-ce-pas ? C'est triste...la diminution, voire la disparition des rapports tactiles de base donne au monde dans lequel on vit un sentiment étrange. Nos repères habituels sont totalement brouillés, et on navigue carrément en eaux troubles.
Plus d’embrassade, plus d’accolade…Tout notre rituels, ceux qui codifiaient nos rapports sont bouleversés.
Que vous le vouliez ou non, vous êtes forcément plus méfiant désormais. Normal, puisque le masque et la distance nous privent d’une quantité d’informations, d’indicateurs dont la fonction est de nous renseigner sur l’autre.
Essayez tiens de deviner le sourire derrière ces masques affreux. Un challenge...
On ne parle même pas du regard, abandonné cruellement par la bouche et ses expressions.
Et se serrer la main ? Comment ressentir, percevoir l'autre, sans pouvoir effectuer ce geste, tellement révélateur de traits de caractères ?
Idem concernant nos amis, ceux avec qui, il y encore peu de temps, de manière naturelle et inconsciente nous communiquions dans une zone d’environ 50 centimètres. Aujourd’hui c’est à environ 1 à 2 mètres que nous le faisons. Tellement étrange…
Concernant les rapports amoureux, on peut avoir l’impression que cela ne change pas grand chose, mais ce n’est vrai que pour les gens qui vivent déjà ensemble. Plus compliqué pour ceux qui viennent de débuter leur relation ou qui sont encore en phase de découverte, de séduction. Dans ce cas précis, le contact, le toucher, l’expression du visage alimentent quantité d’informations qui nous permettent de construire le rapprochement. Quand ceux-ci disparaissent, à moins d’être créatif, la confusion forcément s’opère sur les intentions de l’autre.
Le toucher est comme une langue
Se toucher permet de renforcer une influence, un lien de cohésion sociale. Le toucher est comme une langue, on sait la parler et la transmettre sans forcément en connaître la grammaire.
Cela fait partie de nos modes d’interaction sociaux. Se toucher c’est manifester ses émotions, son affection envers quelqu’un… Et être touché, cela fait du bien.
Le toucher nous permet de nous sentir accepté par l’autre.
On pourrait penser que l’épidémie de COVID 19 imposera à terme un repli sur soi., mais l’histoire montre que l’homme sait s’adapter en toutes circonstances. Les contraintes stimulent l’innovation, la créativité et les gens développent d’autres façons de renouer avec la cohésion sociale d’antan (oui on dit déjà d’antan, tellement cela nous paraît désormais loin ).
C’est déjà le cas concernant la manière de se saluer, et de manière assez fulgurante. Nous avons immédiatement établi de nouveaux rites, au même moment, et dans le monde entier. De nouveaux rites qui ont rétabli de la cohésion sociale .
Se toucher les coudes pour remplacer le serrage de mains, en voilà une bonne idée. Aussi appelé le « Ebola handshake », ce geste est né en Afrique de l’Ouest pour limiter la propagation du virus Ebola. Dans la presse, l’ambassadrice américaine aux Nations-Unies, Samantha Power, a salué la présidente du Libéria, Ellen Johnson Sireleaf et le représentant de l’OMS dans le pays, Peter Graaf avec … le coude.
Inconvénient : On a l’air con… si faut arrêter. Si on a plus de 15 ans, on a l’air con.
On frappe sa paume droite sur son cœur. Très courante au Maghreb mais aussi en Malaisie, ce geste C’est l’un des gestes habituels pour saluer quelqu’un, notamment au Maghreb et dans les pays musulmans, pour porter une marque d’affection. En Malaisie, il est aussi d’usage de placer ses paumes contre son cœur.
Inconvénient : La main sur le cœur, ça fait un peu beaucoup pour saluer son patron, son voisin chiant.
Le check du pied fait fureur sur les réseaux sociaux. En Chine et en Iran, deux pays très touchés par la pandémie, la photos de trois hommes protégés par des masques se saluant avec le pied ont fait le tour de la toile donnant des idées.
Inconvénient : Au bout de 14 fois, c’est plus du tout marrant. Sans compter qu’avec des talons c’est moins simple.
Comme en Asie, on joint les deux mains, paume contre paume, doigts bien tendus, contre la poitrine. Et on s’incline légèrement devant son interlocuteur de quoi adopter la zen attitude.
Inconvénient : Il faut avoir les mains libres, pas de sac, pas de portable.
Regarder franchement le visage ouvert, les yeux dans les yeux accompagné du “Bonjour” d’usage.
Inconvénient : Croiser le regard ne signifie pas dévisager son interlocuteur.
Si vous avez fait vos classes, vous devriez avoir quelques souvenirs. Pour les autres, rien ne plus simple, le coude replié vers l’intérieur, la main droite bien tendue, majeur contre la tempe.
Inconvénient : Ça fait un peu flipper
Peut-on imaginer un monde sans bisous ?
Une de nos spécialités françaises qui déroute souvent les étrangers peu habitués à ce type de contacts immédiats.
Le bisou pour nous c’est aussi de la cohésion sociale, c’est la levée des barrières, et un monde sans bisous pourrait nous paraître totalement vide de sens.
Et pourtant, la disparition du bisou peut avoir quelque chose de positif. Ce qui auparavant pouvait être ressenti comme intrusif, ce contact avec l’autre qu’on ne connaît pas, ce toucher de proximité, ce peau contre peau est souvent vécu inconsciemment comme une épreuve, quelque chose de violent, de brutal.
Ne pas faire de bisou à celui/celle qu’on ne connaît pas, n’empêche aucunement de rire, de communiquer, de collaborer, et au contraire pourrait instaurer une sorte de distance qui clarifie la communication.